Les dérives verbales de Soglo et Hountondji : Lire leurs différentes déclarations sur RFI





   

 

 

En réaction à l’intervention du président Nicéphore Soglo, il y a quelques jours, sur la même chaîne internationale, le ministre porte-parole du gouvernement, Jean-Alexandre Hountondji est intervenu hier sur les antennes de Rfi. Comme la réponse du berger à la bergère, dans le même ton que le maire de Cotonou, et prenant naturellement fait et cause pour le pouvoir, le ministre porte-parole s’est vivement lancé dans des critiques acerbes, aussi bien contre l’ancien président de la République et son passage à la magistrature suprême de 1991 à 1996, qu’envers les autres leaders politiques qui étaient à ses côtés à l’occasion de leur déclaration commune le 13 mars dernier. Ces déclarations va-t-en guerre doivent plutôt réjouir, surtout pour la vitalité de la démocratie béninoise. Elles obligent ainsi les animateurs potentiels de la vie politique à sortir de leur longue léthargie et jouer le rôle qui est le leur en se prononçant sur problème de la nation. De même, elles sont une occasion pour le pouvoir en place de cesser de verser dans la facilité et devoir défendre les actes qu’il pose au nom des Béninois.

 

Afin de permettre à nos lecteurs de mieux appréhender la violence de leur propos, nous leur propos l’intégralité de leurs déclarations respectives.

 

 

Jean- Alexandre Hountondji

 

 

Rfi - Jean Alexandre Hountondji Bonjour La démocratie béninoise est gravement menacée déclarent quatre figures de votre pays, que répondez-vous ?

 

Jean- Alexandre Hountondji :Le monde entier est témoin de ce qui se passe au Bénin , où les élections se déroulent normalement où ici la liberté de presse et d’opinion est garantie, l’indépendance de la justice également et donc aucune menace ne semble peser sur la démocratie au Bénin

 

- Alors, vous parlez de la liberté de presse, ce qui choque les quatre signataires de ce texte mais aussi beaucoup de Béninois, semble-t-il, c’est le matraquage des images du président Boni Yayi sur les quatre chaînes de télévisions béninoises.

 

*Bien sûr, lorsque vous ne faites rien, vous ne pouvez pas être au devant de l’actualité. Le président Boni Yayi , tout le monde doit lui en rendre témoignage que sa proximité avec le peuple son écoute permanente du peuple gêne certains, notamment l’ex président de la République qui est coutumier des dérives verbales et qui vieillit très mal et comme l’attestent ses propos discourtois et inconvenants sans retenue sur le régime de feu président Gnansingbé Eyadéma, au risque de créer entre le peuple frère et ami du Togo et le Bénin des incidents regrettables. Il convient, vu de la gravité des propos de cet ancien président de présenter au peuple frère du Togo les excuses sincères du peuple béninois qui ne se retrouve nullement dans les propos du patriarche qui décidément vieillit très mal. On se souvient que c’est lui qui traitait les hommes de presse de malabars et d’écrivaillons Mais c’est bien sous lui que les honorables députés ont dû faire le mûr après une émission de radio. Et ce n’est pas lui que le peuple a chassé du pouvoir après un seul mandat qui va nous faire des leçons de démocraties ou de ceci cela. En réalité, il a cru que le président le docteur Boni Yayi après avoir gagné le pouvoir devrait se mettre à genoux pour que lui il dirige comme une marionnette et que lui resterait derrière pour tirer les ficelles .Et c’est bien lui qui a créé un parti-Etat et nous nous souvenons de sa célèbre phrase : la biche ne peut se fâcher contre la rivière elle reviendra y boire. Ceux qui ne sont pas de la Rb sont contre nous pour obliger tous les cadres à y adhérer. C’est lui également qui n’a pas su résoudre son complexe d’Œdipe vis-à-vis du président Kérékou qui l’a pourtant envoyé à la Banque Mondiale et l’a nommé Premier ministre en 1990 lui ouvrant ainsi la porte de la présidence de la République. Et il faudrait qu’il le sache réellement. Ce sont toutes ces raisons et d’autres encore qui ont concouru à son débarquement précipité et précoce en 1996. Les mêmes causes produisant les mêmes effets sa méthode de gestion ténébreuse, clanique et familiale, parce qu’il dirige la ville de Cotonou, vous le savez bien avec son fils son fils aîné, et cela a fini par ruiner totalement le peu de crédit qui lui restait. Actuellement il veut sauver son fauteuil de la mairie de Cotonou Et il a peur. La liesse populaire qui accompagne le président Boni Yayi dans ses déplacements le gène.

 

 

-Vous parlez de liesse populaire qui accompagne les déplacements du président. Ce que dénoncent justement les quatre signataires de la déclaration, c’est les marches incessantes organisées par le pouvoir, ça leur rappelle, disent-ils, le populisme du régime Eyadéma au Togo.

 

*Je dois vous dire que le pouvoir n’a jamais organisé aucune marche de soutien de quelque nature que ce soit. La seule qu’il a organisée, c’est la marche verte contre la corruption. Imaginez-vous un instant des femmes qui étaient complètement marginalisées qui reçoivent aujourd’hui un certain nombre de micro crédits, de trente mille francs seulement, que le président va leur demander comment elles s’en sortent, les problèmes qu’elles rencontrent, et qu’elles décident de manifester leur joie, leur reconnaissance au chef de l’Etat, on ne peux pas reprocher à un président de la République sa proximité avec son peuple. Et quand vous voyez l’aile comprador, l’aile mafieuse qui a servi à piller les ressources de ce pays, ceux qui ont pris nos sociétés pour zéro franc, qui ont pillé les entreprises publiques, c’est avec ceux là que le président Soglo à qui nous vouons beaucoup de respect, s’acoquiner aujourd’hui pour mettre le bâton dans les roues du mouvement du changement en cours chez nous. De toute façon, le chien aboie et la caravane passe. Le Bénin deviendra un pays émergent avec ou sans eux.

 

-La déclaration du 12 mars dernier réunit quatre grandes figures de la classe politique béninoise, est-ce que vous ne craignez pas de vous retrouver isolé ?

 

*Vous savez, ceux-là qui sont regroupés, c’est pour sauver un certain fauteuil de maire de Cotonou que tout ce la se fait ; et la peur et la panique, ça transpire, çà se lit à distance !

 

-Mais à la prochaine présidentielle de 2011, est-ce que vous ne craignez pas d’affronter une coalition de tous les autres partis comme celle qui fait tomber Nicéphore Soglo en 1996 ?

 

*Ce qui fait peur aujourd’hui, c’est que le peuple porte le régime du changement. C’est comme dans tout changement, eh bien il y a de la résistance. les anciens c’est eux qui font de la résistance. Je crois que çà va leur passer. Les anciens, les hommes de la vielle garde politique, puisque ils ont été également dirigeants de ce pays et le résultat est là. Les problèmes que le pays a aujourd’hui, ce n’est pas le président Boni Yayi qui les a crées ! C’est eux, ils sont responsables de ces problèmes-là. Et on ne leur a pas demandé de compte, on s’est remis à la tâche comme des tresseurs de cordes, pour que notre pays compte parmi les pays émergents. On donne des moyens aux pauvres pour lutter contre la pauvreté. Et cela marche ! Les résultats sont attestés par le professeur Yunus. Il y a de l’espoir aujourd’hui au Bénin

 

-Donc le président Boni Yayi se représentera en 2011 ?

 

Ce n’est pas cela qui est à l’ordre du jour, mais cela est une évidence, et je crois que lui-même doit se poser des questions. Si le peuple lui demande de continuer qu’il continue la lutte avec lui, il n’y pas de doute, je connais aujourd’hui son engagement ferme aux côtés du peuple béninois.

 

Propos transcrits par Alain Assogba et Vincent Foly pour sonangnon.net

 

 

Interview de Nicéphore Soglo à Rfi

 

« Depuis quelques temps dans notre pays, à notre grande surprise, l'homme que nous avons aidé à succéder à Mathieu Kérékou, Thomas Boni Yayi, ne croit absolument pas à la démocratie.»

 

Propos reconstitués sur Internet par Christian Tchanou

 

Christophe Boisbouvier : Monsieur le Président Bonjour

 

Nicéphore Soglo : Bonjour

 

Pourquoi dites – vous que la démocratie béninoise est menacée ?

 

 

Je crois que depuis quelque temps de notre pays , à notre grande surprise l’homme que nous avons aidé vraiment à succéder au Général Kérékou ne croit absolument pas à la démocratie.Il pense fondamentalement que les peuples noirs ne sont pas mûrs pour la démocratie. C’est ce que disait un célèbre président de votre pays

 

Jacques Chirac !

 

Oui, comme vous le savez ! Mais là , il applique ce qu ‘il a vu de mon point de vue au Togo. Hier un ami universitaire togolais a dit sa surprise de voir à quel point les programmes des chaînes de télévision nationales du Bénin ressemblaient comme deux gouttes de larmes à ceux des télévisions togolaise du temps béni de feu Eyadéma père. C’est un one man show permanent sur les 4 chaînes de télévision et on ne montre que des soutiens apportés au chef de l’ Etat , meetings, marches , messes , créations de groupuscules et nous on est stupéfait . Je le dis d’autant plus que le Togo est en train de faire un effort que nous avons salué. Le jeune Faure est en train petit à petit avec les autres partis politiques de jeter par-dessus bord les oripeaux de ce qui avait malheureusement handicapé ce pays frère et ami. Vous savez que le Togo nouveau du temps de Eyadéma père c’était la Nouvelle marche. Eyadéma père, le guide le timonier. On a le sentiment que nous avons repris à notre compte tout cela. Le Togo nouveau est devenu le Bénin émergent. Il y a des marches comme au bon vieux temps de l’animation dans le pays voisin. Et nous n’avons pas un guide, timonier, nous avons un messie.

 

Donc, ce qui vous inquiète le plus, ce sont les attaques à la liberté de la presse ?

 

Non seulement, mais à la liberté tout court. Il y a même maintenant, comme le dit l’écrivain Coua-Zotti, il y des professions de circonstances qui se développent partout. Il y a des marcheurs, des rassembleurs, des fournisseurs de hauts parleurs, même de pure water et des lecteurs de motions qui s’agitent partout.

 

 

 

Vous êtes très sévères tout de même. N’y-a-t-il pas une démocratie au niveau local ? Les législatives dernières n’ont-elles pas été transparentes ?

 

Je vais vous dire ceci pour Yayi Boni. C’est un membre de notre parti que nous avons envoyé précismeent à la Boad. Eh bien, il a le complexe de dire qu’il faut tuer le père pour exister. Alors , je suis un peu surpris car ce qui me parâit fondamental, c’est la démocratie. Car sans la démocratie, il n’y a pas de développement.

 

Est- ce que justement, sur le plan des élections et de la transparence, il n’y a pas encore de la démocratie dans votre pays ?

 

 

D’abord, il y a l’achat de conscience qui est devenu quelque chose d’ahurissant. Les membres du gouvernement, alors que nous sommes encore en période électorale, se promènent partout et distribuent de l’argent partout, parce la misère est là après 10 ans de Kérékou. Maintenant, les programmes des micro-finances sont utilisés pour acheter les consciences, et c’est le Président même qui distribue de l’argent. Mais nous allons lui barrer la voie. Faites-moi confiance.

 

Pourtant, il y a un mois, le Président George Bush en visite au Béni avait fortement félicité Yayi Boni pour ses efforts en faveur de la bonne gouvernance ? Est-ce que ce n’est pas le signe que tout n’est pas mauvais dans la politique de Boni Yayi

 

Quand Bush était venu, c’est vrai, je n’y étais pas, mais il m’a envoyé un cadeau. Alors, je lui ai dit, si vous êtes bien informé attention, il y a un mauvais tournant dans ce qui se passe actuellement dans notre pays.

 

N’y-a-il pas quand même des hommes d’affaires corrompus qui sont poursuivis par la justice et qui ont même été jetés en prison depuis l’arrivée de Boni Yayi

 

Ce n’est pas moi qui ai poursuivi. C’est à Cissé qu’il faut dire. En tout cas, nous sommes pour la lutte contre la corruption. Mais j’ai le sentiment que c’est devenu une sorte de ce que faisant Kérékou pendant la révolution. Et c’est une technique que Mobutu utilisait dans son discours

 

Regrettez –vous, il y a deux ans d’avoir appelé à voter pour Boni Yayi contre Houngbédji ?

 

Honnêtement, je dis qu’entre plusieurs maux, il faut choisir le moindre

 

A l’époque, vous pensiez que Boni Yayi était le moindre mal ?

 

A mon avis

 

Aujourd’hui, vous avez changé d’avis ?

 

Vous savez, quand un enfant naît, il faut l’aider à grandir et le laisser à faire ses premières expériences, car il peut y avoir des succès et des échecs. Mais à partir d’un certain niveau, tous ceux qui l’ont aidé à venir au pouvoir, l’ont aidé financièrement, ou politiquement ont été déçus. Vous savez, j’ai signé un accord, et il m’adit que c’est un chiffon avec lui qu’il a qualifié par la suite de chiffon

 

Voulez-vous dire que Yayi Boni n’a pas respecté l’accord que vous avez signé avec lui ?

 

Ça, c’est un secret de polichinelle. Et nous n’étions pas les seuls, car il a aussi traité tous les autres accords comme des chiffons.

 

C’est dire qu’il y avait des postes ministériels et que et Boni Yayi n’a pas tenu parole après

 

Non, il n’y avait pas que ça, il y avait aussi des réformes fondamentales à respecter, comme la liste électorale informatisée, première des choses que nous avions demandé, sans compter qu’il fallait respecter les lois sur la décentralisation. Alors , il n’avertit personne et fait ce qu’il veut, ce que nous ne tolérons pas.

 

 

Publier par La Nouvelle Tribune du 25/03/2008

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