Echanges de propos discourtois entre le gouvernement et le G4:Les conséquences d’une dérive pour Yayi Boni

Écrit par Le Matinal du 27/03/2008   

 

 

Le gouvernement a multiplié les sorties médiatiques depuis la déclaration sur la situation nationale du 12 mars dernier. L’interview que le maire de Cotonou a accordée à Rfi a renforcé la situation au sommet de l’Etat et il faut craindre le pire dans les jours à venir.

 

Le ministre porte parole du gouvernement, Jean Alexandre Hountondji était hier lundi 24 mars 2008 très amer contre le maire sortant de la ville de Cotonou et les autres dinosaures de la classe politique nationale sur Radio France Internationale (Rfi). Deux jours plus tôt, il avait déjà commenté de façon emphatique un communiqué du gouvernement lu par son secrétaire général en réaction à l’interview que le président Nicéphore Dieudonné Soglo a accordée à la même radio française. Sans oublier que c’est le même ministre porte parole du gouvernement qui avait donné l’alerte quelques jours plus tôt sur cette radio Rfi. Dans ces conditions, que feront les autres qui n’auront parlé qu’une seule fois et ont eu droit à plusieurs douches froides ? Bien malin est celui qui pourra le deviner. Mais la suite doit préoccuper. Car, en continuant à s’affronter de cette façon, le gouvernement du changement qui profite de certains atouts publics pour répondre chaque fois et ses adversaires ne sont pas loin de mettre le pays à sang. Dans beaucoup de pays, c’est de cette façon que ça commence avant de s’envenimer. Surtout que tout le monde est désormais dans la logique de l’affrontement. Même si les moyens ne sont pas égaux. Déjà, les éléments du groupe des 13 députés veulent répondre du tac au tac, ils sont prêts à tout et le démontrent même sur le terrain. Les dinosaures de leur côté, semblent un peu sages, veulent aller avec beaucoup de tact et se donner raison afin de prendre les populations à témoin. C’est certainement de cette façon qu’il convient d’apprécier la dernière descente de l’ancien président de l’Assemblée Nationale à la médiature à Porto-Novo pour dire au professeur Albert Tévoédjrè les appréhensions des membres du groupe G 4 sur la manière dont le pays est conduit depuis 2006 et les dangers qui guettent la démocratie et les libertés essentielles. Une réaction que le médiateur semble avoir accueillie de bon cœur. Ce qui explique sa visite au président Nicéphore Dieudonné Soglo quelques jours plus tard. Mais de l’autre côté, les autres proches du chef de l’Etat préfèrent attaquer au maximum.

 

Craindre surtout les déconvenues

 

La situation actuelle de tension et les échanges de propos discourtois entre acteurs politiques ne sera pas sans conséquences. Surtout avec la fièvre électorale des municipales, communales et de la désignation des chefs de quartiers et de villages. Déjà, certaines villes du pays sont hautement militarisées. Comme si le pouvoir du changement soupçonne déjà certaines velléités d’affrontement. En procédant ainsi alors que les ministres et autres proches du pouvoir continuent à attaquer les adversaires du président Yayi Boni, la situation pourrait vite dégénérer car certains militants souvent surexcités n’attendent que ces occasions pour s’extérioriser. On se rappelle les dérives graves observées au cours de certaines élections passées à Parakou et Porto-Novo. Les conséquences sont encore vivaces dans les mémoires surtout pour les familles dont des parents sont morts ou qui sont encore gardés en prison. Et puis, il y a d’autres grandes régions du pays où des citoyens, pour la même situation semblent être rangés dans les camps hostiles au pouvoir et attendent aussi la dernière occasion pour contre-attaquer. C’est le cas par exemple de certaines zones du Mono, du Couffo, du Zou et surtout du Borgou Alibori où les éléments du parti Union Pour La Relève (Upr) ne sont plus prêts à continuer à avaler les couleuvres et ont dû préparer des résistances anti cauris sur toute la ligne. Idem pour les milieux fon, nago et goun où on a l’impression que les profits de la victoire de 2006 sont jalousement confisqués par un groupe de politiciens qui trompent le chef de l’Etat en écartant les autres pour mieux continuer à en jouir. Dans ces conditions où on a l’impression que le recours à la force pourrait régler les problèmes sans avoir à l’esprit que ces hommes font aussi partie du peuple et doivent avoir leur opinion sur la situation, c’est la désobéissance civile qui pourrait en résulter. Surtout qu’entre temps, certaines informations sensibles ont filtré à la surprise générale. C’est dire qu’au sein des armées, ce n’est pas la parfaite harmonie et comme au temps fort du président Nicéphore Dieudonné Soglo, le pouvoir du changement pourrait se retrouver fatalement le dos au mur.

 

J-Ch. H. (Br. Ouémé/Plateau)
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